Bruno Solo est passionné d’Histoire depuis toujours. Il a convié à sa table de grands personnages historiques pour un livre ludique.
Comédien, réalisateur, auteur et producteur, Bruno Solo est aussi un « passeur d’Histoire » passionné. À le voir s’enthousiasmer à ce point quand il parle de son nouveau livre, on regretterait de ne pas l’avoir eu comme prof.
Ni gestes barrière, ni vaisselle
Il a déjà tourné cinq saisons de la série documentaire La guerre des trônes, la véritable histoire de l’Europe pour France Télé. Écrire un livre, il y pensait depuis un moment. La forme est née pendant le premier confinement: « Inviter des personnalités historiques, c’est pratique, il n’y a pas besoin de respecter les gestes barrière, pas besoin de faire à bouffer, ni la vaisselle! »
Pendant un peu moins de 300 pages, il invite à sa table onze personnages qui ont fait l’Histoire de France, chacun à leur manière, de Clovis à Georges Mandel en passant par Aliénor d’Aquitaine ou Louise Michel. Du Ve au XXe siècle.
Une base historique solide
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On sent qu’il s’est bien marré à écrire ce livre. Il y a de l’humour, un ton léger, ludique, il joue avec les légendes… « Mais une base historique solide, de la rigueur, des travaux d’historiens. C’est comme au théâtre quand on a un texte, qu’on le connaît, après on peut faire différentes variations dans la forme. »
Tous ces personnages, il les a choisis parce qu’ils avaient un lien de près ou de loin avec lui. « Louise Michel, elle fait partie de ma vie. Je suis passionné par la période de La Commune. Éloi? Je passe tout le temps devant sa statue dans le quartier du Marais à Paris. Le Chevalier d’Eon, j’avais un projet autour de lui. Charles Mandel, j’aurais dû interpréter son rôle dans un film sur De Gaulle… Je ne suis pas historien, je peux avoir de l’empathie pour tous ces personnages. »
Ce goût pour l’Histoire lui vient de l’enfance et de son père qui l’y a intéressé très tôt. D’un prof d’Histoire aussi qui l’a accompagné trois ans et qu’il remercie à la fin du livre. » Quand on a eu la chance d’avoir un prof comme ça, qui nous a donné envie d’apprendre, on s’en souvient. Même si j’étais indiscipliné et que je prenais beaucoup la parole en classe, sourit-il. Il commençait à lire son livre et puis il le fermait et nous racontait l’Histoire avec toute sa subjectivité. Il est venu me voir un soir au théâtre, des années après. C’était un vieux monsieur fatigué, extrêmement pudique. Très différent de ce qu’il avait été en classe. »
Flottante et fluctuante
S’intéresser à l’Histoire, c’est aussi se rendre compte qu’elle n’est pas figée, accepter qu’on ne sait pas tout, « qu’elle est flottante et fluctuante », résume Bruno Solo. « On ne connaît pas le visage de Clovis, par exemple. »
Mais aussi, on voit à quel point on vit, chez nous une période plutôt tranquille à l’échelle de l’Histoire où les conflits étaient presque permanents, « À l’époque de l’Inquisition, par exemple, il y avait des affrontements religieux terribles, des massacres quotidiens… »
Et puis, surtout, pour lui, s’intéresser à l’Histoire, c’est essentiel. Parce que sinon, on peut lui faire dire n’importe quoi. Il prend l’exemple d’Éric Zemmour, candidat très, très à droite de la Présidentielle française: « C’est facile de faire dire à l’Histoire ce qu’on veut, d’en garder seulement ce qui l’arrange devant des gens qui ne connaissent pas plus que ça. Il faut garder l’esprit critique… »
Bruno Solo, « Les visiteurs de l’Histoire. Quand l’Histoire de France s’invite chez moi », Éditions du Rocher, 301 p.
L’Histoire au théâtre
Ça n’a pas été facile de choisir ses onze personnages. Alors, est-ce qu’il a de l’inspiration pour un autre volume? Une chose à la fois, dit-il en substance. Par contre, on imagine bien tous ces gens sur la scène d’un théâtre. Bruno Solo sourit et acquiesce: » J’ai bien senti en l’écrivant, je me disais: “Tiens, ça sonnerait bien sur scène!” Et puis il y a mes jeux de mots à la con dont je suis très fier. »
Et pour un Dîner de cons, il a un personnage en tête? Sans hésiter, il dit René Robert Cavelier de La Salle: « Il est menteur, frimeur, baratineur. Il est tellement ridicule qu’il en devient touchant. Il faudrait inviter aussi d’autres vrais explorateurs comme Vasco de Gama ou Christophe Colomb… à eux, il ne pourrait pas raconter n’importe quoi… »