L’organisateur dit faire le maximum pour limiter les nuisances. La commune, elle, attend des solutions aux soucis de mobilité avant d’autoriser une édition en 2022.
Depuis le 29 octobre, le Château de La Hulpe vit au rythme de Lanterna Magica, un parcours nocturne féerique et familial de 2 km. Reportée à plusieurs reprises suite à la crise sanitaire, cette première édition semble avoir conquis bon nombre de visiteurs, charmés par le cadre enchanteur du domaine Solvay plongé dans le noir, éclairé çà et là par des lumières colorées projetées sur les beaux arbres du domaine.
Environ 2 000 visiteurs se pressent dans les allées du parc par soir, pour un total de 50 000 personnes accueillies jusqu’à présent.
Ça, c’est pour l’intérieur du parc. À l’extérieur, la réalité est moins magique: l’événement génère un trafic qui coïncide avec le retour des navetteurs et les soirs d’ouverture, des files à rallonge se forment sur la chaussée de Bruxelles. Force est de constater que les parkings spécifiques prévus pour l’événement ne convainquent pas tous les visiteurs.
Des dizaines de voitures sont abandonnées sur les trottoirs et pistes cyclables des rues avoisinantes, ce qui oblige les piétons à marcher sur la route dans le noir, en étant frôlés par les automobilistes. Des soucis de mobilité déjà mis en lumière lors des confinements mais qui se trouvent renforcés avec le succès de l’événement.
« Les gens se garent sur la piste cyclable et débordent sur le trottoir, donc on est obligé de marcher sur la rue, confirme Maëlle, habitante de la rue Ernest Solvay. Certains soirs, c’est à peine si je sais sortir de chez moi. La police a placé des panneaux le long de la chaussée de Bruxelles pour que les gens évitent de se stationner sur la piste cyclable et depuis, ils le font dans d’autres rues mais la police ne dit rien. Je pense que les organisateurs ont prévu trop peu de parkings pour la quantité de visiteurs. »
«Pas responsable du comportement des automobilistes»
Sébastien, quant à lui, habite avenue Champ des Mottes, de l’autre côté de l’étang, et se plaignait plutôt du bruit généré par les hologrammes animés sur des arbres mais le souci a été réglé. « Le directeur technique nous a contactés suite à nos plaintes et ils ont fait un effort, on n’entend quasiment plus l’arbre parlant. »
Les trottoirs étant occupés par les voitures, les piétons se retrouvent contraints de marcher sur la route.
GEERTS
Contacté, l’organisateur se dit conscient des soucis de mobilité mais estime qu’il n’a pas de levier pour pouvoir apaiser les nuisances. « Je ne suis pas responsable du comportement des automobilistes. On a mis deux parkings à disposition dont un énorme parking à la gare avec un système de navette mais les gens veulent absolument se garer devant la porte, souffle Manu Braff. Il y a des « parking boys » qui font circulerles voitures et font traverser les gens. On a tout mis en place pour que la mobilité soit la meilleure possible et la capacité d’accueil du public reste en deçà des capacités de parking. »
Du côté des autorités communales, on attend des organisateurs des solutions pour répondre à ces problèmes de mobilité. Sans cela, elles n’autoriseront pas une deuxième édition l’an prochain.
« Ce genre d’événement amplifie la dangerosité de cet axe, reconnaît Christophe Dister, le bourgmestre de La Hulpe. Dans les premiers jours, les gens se garaient de part et d’autres du rond-point Folon. On a verbalisé et on a mis des panneaux tout le long de la chaussée car c’était dangereux, les gens marchaient sur la rue. Si on autorise l’événement l’an prochain, il faut qu’on ait des avancées. Je pense qu’il faudra diminuer le prix du parking VIP (fixé à 15€, NDLR) pour qu’il soit attractif. On a déjà eu des événements bien plus importants par le passé. Ici, on a environ 2 500 personnes par soir, étalés sur trois tranches horaires, on doit être capable de gérer ça. Sur le fond, je pense que l’événement est intéressant car il apporte de la visibilité au domaine et j’ai eu de bons retours de l’Horeca qui en bénéficie. »
L’événement nuisible pour la faune? Le garde forestier se veut rassurant
Certains riverains s’inquiètent de l’impact que pourrait avoir l’événement sur la faune du domaine Solvay, porte d’entrée de la forêt de Soignes. L’usage de jeux de lumière, de sons diffusés à un fort volume, la forte fréquentation du site sur plusieurs semaines nuiraient-ils à la tranquillité des animaux du domaine? La question est d’autant plus pertinente que le dernier recensement des chevreuils en forêt de Soignes montre le déclin de l’espèce.
Le garde forestier en charge du triage de La Hulpe se veut rassurant.
« L’événement a été autorisé sous conditions par les services du DNF, précise Nicolas Bronchain. On a demandé qu’ils placent des barrières à la butte calcaire, que les gens soient guidés à travers le parcours pour ne pas qu’ils s’en éloignent et que le passage des équipes techniques à travers le domaine soit limité au strict minimum. Ils ont respecté tout ce qu’on a demandé. En outre, c’est une zone du parc qui est déjà la plus fréquentée durant l’année et qui génère le moins de dérangement pour la faune. Si on nous avait demandé de faire l’événement dans les zones forestières les plus reculées, ça aurait été hors de question. »
Et le garde forestier de rappeler qu’il s’agit ici d’un test et qu’un débriefing sera organisé à la fin de l’événement. Un test qui permettra d’affiner les conditions à émettre lors des prochains événements de ce type.