Moins d’un an après avoir bouclé son premier Vendée Globe, le navigateur Maxime Sorel a gravi le Kilimandjaro en compagnie de Paul Fontaine, un patient atteint de la mucoviscidose. Une expédition organisée par deux associations, Gravir pour Guérir et Vaincre la Mucoviscidose, qui oeuvrent pour faire avancer la recherche.
Il l’a fait. Paul Fontaine a pourtant pensé abandonner lors du premier passage à 4600 mètres. Ce sportif de 38 ans se bat contre la mucoviscidose depuis l’âge de deux ans. Et voilà plus de dix ans qu’il trouve, à travers différents défis sportifs, la niaque d’avancer. Il court le marathon de Paris, traverse la France à vélo, gravit le Mont-Blanc, etc. Accompagné de l’association Gravir pour Guérir et du navigateur Maxime Sorel, parrain national de «Vaincre la Mucoviscidose, Paul vient d’ajouter un exploit à son arc en terminant l’ascension du Kilimandjaro en sept jours. «L’enjeu de cette aventure était de réussir à enchaîner les nuits en tente, détaille-t-il. Et de tenir la cadence sans mon confort quotidien, mes séances de kinésithérapie, d’aérosols, etc.»
Le go est donné lundi 17 janvier, à minuit. Le groupe, composé d’une dizaine de personnes, crapahute dans la neige et de nuit, au rythme des chants en swahili. À 5400 mètres, le déficit en oxygène se fait sentir. «Chaque pas raisonnait dans mon cerveau», explique Maxime Sorel. Après une marche de près de huit heures, les voilà arrivés au sommet de la plus haute montagne d’Afrique : 5895 mètres. Ils pleurent toute l’émotion accumulée dans cette dernière ascension. «Je me doutais qu’il s’agissait d’une aventure émotionnelle très forte, développe Paul. C’est ce que j’étais venu chercher. L’équipe autour de moi était formidable. Je n’y serais jamais arrivé seul.» Une fois les 3000 mètres atteints, Paul a dû coopérer avec le mal des montagnes. Nausées, manque d’appétit, fatigue… se sont greffés aux longues journées de marche. Mais là encore, l’esprit de corps prévaut. Laurent, qui l’accompagne dans tous ses défis, veille au grain. Sans oublier le soutien précieux des porteurs, présents tout au long de cette randonnée. Reste que Paul est habitué à repousser constamment ses limites et à atteindre des sommets. Comme le Grand Paradis, culminant à 4061 mètres. L’ascension la plus difficile à son actif.
Maxime Sorel durant l’ascension du Kilimandjaro. © Latitude35 Racing
« Une personne entière, qui a envie de faire avancer les choses »
Installé à Béziers, dans l’Hérault, Paul Fontaine est coach mental et conférencier professionnel. Il intervient sur différentes thématiques, notamment sur le handicap, la motivation ou la résilience. Une qualité indispensable au métier de navigateur, selon lui. «Je fais le parallèle avec le Vendée Globe et le travail de Maxime. Durant son tour du monde, il a dû affronter des casses, un pilote automatique défectueux et des problèmes de voiles. Il s’est battu seul au milieu des océans pour trouver des solutions et avancer. Tout comme moi dans ma vie de tous les jours.» Les deux hommes se sont rencontrés en 2017, à Nantes, lors d’une assemblée générale de Vaincre la Mucoviscidose. L’amitié épistolaire s’est peu à peu transformée en une amitié sincère. Paul est d’ailleurs le parrain de l’ancien Imoca, avec lequel Maxime est arrivé 10ème du dernier Vendée Globe.
Durant l’ascension du Kilimandjaro. © Latitude35 Racing
«Je trouvais ça chouette qu’un bateau qui porte les couleurs de l’association Vaincre la Muco ait comme parrain un patient, souligne le skipper. Ça avait un vrai sens. Paul est une personne entière, qui a envie de faire avancer les choses.» Et c’est pour faire avancer la recherche que Maxime Sorel, 35 ans, a accepter de participer à ce défi. Ces aventuriers solidaires sont partis à l’assaut du Kilimandjaro afin de récolter des fonds au profit de l’association Vaincre la Mucoviscidose. Et Maxime d’ajouter : «Paul délivre un vrai message d’espoir pour tous les patients mucoviscidosiques et prouve que la recherche progresse.»
Maxime Sorel et Paul Fontaine après leur ascension du Kilimandjaro. © Latitude35 Racing
Sa prouesse, il la doit en partie à un nouveau médicament, le Kaftrio. «Ce traitement a changé ma vie. Une trithérapie qui m’a permis de gagner 30% de capacité respiratoire», explique Paul Fontaine. Trois comprimés qui lui permettent de retrouver le souffle. «Ça fait 10 ans que je ne fais que ça, respirer, et tout d’un coup, je me paye le luxe de m’interroger sur ma vie de façon plus générale.» Paul applique à la lettre la maxime de Oscar Wilde : «Il est important d’avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit», qu’il se répète comme un mantra dans l’attente de son prochain défi. Un défi peut être plus aquatique, cette fois, sur le nouveau bateau de Maxime Sorel. Un «dragon» de près de 18 mètres de longueur, symbole du souffle dont manquent cruellement les malades.
Pour participer à la collecte : https://mondefi.vaincrelamuco.org/projects/gravir-pour-guerir-acte-2
Toute reproduction interdite