Situation sur le terrain, réactions internationales, sanctions : le point sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Poutine dénonce des « crimes de guerre »
Vladimir Poutine a accusé vendredi l’Ukraine, lors d’un appel téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron, de « nombreux crimes de guerre », assurant que les forces dirigées par Moscou faisaient « tout leur possible » pour ne pas cibler les civils, selon le Kremlin.
Le président français a de son côté exprimé sa « préoccupation extrême » concernant la situation à Marioupol et réclamé « la levée du siège et l’accès humanitaire », selon l’Elysée.
Entretien Biden-Xi
La Chine et les Etats-Unis ont la responsabilité d’aider à la paix mondiale, a déclaré vendredi le président chinois Xi Jinping à son homologue américain Joe Biden, lors d’un entretien téléphonique consacré à la guerre en Ukraine.
« La crise ukrainienne n’est pas quelque chose que nous souhaitions voir » arriver, a déclaré M. Xi, selon des propos rapportés par la télévision chinoise.
L’entretien, durant lequel le président américain devait appeler M. Xi à prendre ses distances avec le président russe Vladimir Poutine, a duré près de deux heures selon la Maison-Blanche, qui n’a pas dans l’immédiat communiqué sur son contenu.
Théâtre de Marioupol bombardé : premier bilan
Le bombardement mercredi d’un théâtre de Marioupol par des troupes russes, selon Kiev, a fait au moins un blessé grave mais pas de morts, a indiqué vendredi le conseil municipal dans un premier bilan.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait auparavant évoqué des « centaines » de personnes toujours sous les décombres et plus de 130 personnes sauvées.
À voir :Le théâtre de Marioupol, qui servait d’abri, bombardé, bilan incertain
La Russie a avancé que le théâtre, dans lequel s’étaient réfugiés des centaines d’habitants de ce port ukrainien stratégique assiégé dans le sud-est du pays, avait été détruit par le bataillon nationaliste ukrainien Azov.
L’armée russe et ses alliés séparatistes « combattent désormais les nationalistes » dans le centre-ville de Marioupol, a par ailleurs annoncé le ministère russe de la Défense.
Il a assuré que les forces russes et les séparatistes de Lougansk contrôlaient désormais 90% de ce territoire qui fait partie avec Donetsk de la région du Donbass et dont Moscou a reconnu l’indépendance.
Les trois pays baltes expulsent dix diplomates russes
La Lituanie, la Lettonie et l’Estonie ont annoncé vendredi l’expulsion de dix diplomates russes au total, dans le contexte de l’agression russe en Ukraine.
« La Lettonie expulse trois employés de l’ambassade russe en raison d’activités contraires à leur statut diplomatique et compte tenu de l’agression russe en cours en Ukraine », a annoncé sur Twitter le ministre letton des Affaires étrangères Edgars Rinkevics, précisant que la décision a été coordonnée avec la Lituanie et l’Estonie. Les ministères des Affaires étrangères de ces pays ont annoncé l’expulsion de quatre et de trois diplomates russes, respectivement.
Bombardement près de l’aéroport de Lviv
Les environs de l’aéroport de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, ont été touchés vendredi matin par des « missiles » russes, selon le maire de la ville, tandis que le président américain Joe Biden s’apprêtait à adresser une mise en garde à son homologue chinois Xi Jinping contre toute tentation de soutenir Moscou. « Des missiles ont frappé le quartier de l’aéroport de Lviv », a écrit sur son compte Facebook Andriy Sadovy, le maire de cette grande ville située près de la frontière polonaise, assurant que la frappe n’avait pas touché directement les installations aéroportuaires. Un journaliste de l’AFP a vu un panache de fumée se dégager dans les airs au-dessus de la zone, ainsi des véhicules de police et des ambulances fonçant dans cette direction.
La ville de Lviv avait été épargnée par les combats jusqu’à présent. Mais l’armée russe a bombardé dimanche une base militaire ukrainienne dans cette région, faisant au moins une trentaine de morts.
« Dictateur sanguinaire »
Et M. Biden n’a pas mâché ses mots à l’égard de M. Poutine, le traitant de « voyou » et de « dictateur sanguinaire » après l’avoir qualifié la veille de « criminel de guerre ». Les auteurs de crimes de guerre en Ukraine devront « rendre des comptes » devant la justice internationale, ont de leur côté averti les ministres des Affaires étrangères du G7 dans une déclaration commune. « Cibler intentionnellement des civils est un crime de guerre. Après tant de destructions ces trois dernières semaines, je trouve difficile de conclure que les Russes font autre chose que cela », a relevé M. Blinken.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a imploré jeudi les Occidentaux d’aider à « arrêter cette guerre », au moment où une frappe russe faisait au moins 27 morts dans l’est du pays. Pour lui, « un peuple est en train d’être détruit en Europe ». « Aidez-nous à arrêter cette guerre! », a-t-il ajouté, ovationné par les députés du Bundestag allemand auxquels il s’est adressé jeudi par visioconférence. Les regards étaient toujours tournés vers Marioupol, ville portuaire stratégique du sud-est assiégée et où Volodymyr Zelensky a accusé mercredi l’aviation russe d’avoir « sciemment » bombardé un théâtre où étaient réfugiés des centaines d’habitants. « Le monde doit finalement admettre que la Russie est devenue un Etat terroriste », a-t-il ajouté.
Selon la mairie de Marioupol, « plus d’un millier » de personnes se trouvaient dans un abri antiaérien sous le théâtre lorsqu’il a été bombardé. Aucun bilan n’a été communiqué à ce stade. L’émissaire ukrainienne aux droits humains Lioudmyla Denissova a indiqué que l’abri avait résisté au bombardement: « Nous pensons que tout le monde a survécu », a-t-elle déclaré à la télévision, précisant sur la messagerie Telegram, que des survivants avaient commencé à être extirpés des décombres.
Pas de répit
Aucun bilan global n’a été fourni même si le président Zelensky a mentionné le 12 mars la mort d' »environ 1.300″ militaires ukrainiens, tandis que Moscou a seulement rapporté près de 500 morts dans ses rangs le 2 mars. Cent-huit enfants ont été tués et 120 blessés dans le pays depuis l’invasion russe, a indiqué jeudi le Parquet général ukrainien. Trois semaines après le début de l’invasion, Moscou ne donne aucun signe de répit dans son offensive malgré la poursuite de pourparlers entre les belligérants. Mais M. Blinken a estimé que la Russie n’avait pas démontré jusqu’ici « d’effort significatif » dans ses tractations avec Kiev pour tenter de trouver une sortie de crise. « D’un côté, nous saluons l’Ukraine qui reste à la table des négociations alors qu’elle est sous les bombes, et de l’autre côté, je n’ai pas vu d’effort significatif de la part de la Russie pour mettre fin par la diplomatie à la guerre qu’elle mène », a-t-il dit.
Et plus de trois millions d’Ukrainiens ont pris les routes de l’exil, en grande majorité vers la Pologne, parfois seulement une étape avant de continuer leur exode. Vladimir Poutine a martelé mercredi dans un discours que l’offensive était « un succès ». Son porte-parole Dmitri Peskov a affirmé que la « majorité écrasante » des Russes soutenait la ligne décidée par le président russe. Les autres sont des « traîtres » et le conflit les révèle, permettant une « purification » de la société, a-t-il ajouté, alors que nombre de Russes opposés au Kremlin ont quitté le pays depuis le début de l’offensive. Frappée par de lourdes sanctions, la Russie a cependant apparemment échappé pour l’instant au défaut de paiement sur sa dette: selon une source proche du dossier, la banque JPMorgan a bien reçu le paiement d’une tranche d’intérêts de 117,2 millions de dollars qui arrivait à échéance.
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