Dans « Le monde d’hier », de Diastème, Léa Drucker nous offre une plongée fascinante dans les arcanes du pouvoir et de l’âme humaine. Extraits de notre interview.
Paris Match. Imaginiez-vous en tournant ce “Monde d’hier” que le film s’entrechoquerait avec la réalité ?
Léa Drucker . Il a été tourné début 2021, dans un contexte qui n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui et encore moins avec celui de la campagne électorale. Le nom de Zemmour n’était même pas dans les esprits à l’époque… Mais la menace d’une idéologie d’extrême droite dans notre société est quelque chose de présent depuis longtemps. Diastème montre dans son film des personnages installés au pouvoir qui ont échoué. Ce sont des gens qui y ont cru et qui se sont laissé griser.
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Comment devient-on présidente de la République quand on est actrice ?
C’est un rôle qui m’a demandé beaucoup de travail. Il y a des personnages où l’on trouve facilement des portes d’entrée, mais présidente de la République est quelque chose qu’il faut réellement incarner pour être crédible. Les politiques ont une envergure technique. Ils ont fait des études poussées, ont une grande maîtrise du conflit et de la communication. Une femme élue, c’est déjà quelqu’un qui a réussi une campagne électorale, a su convaincre son parti, puis les citoyens. Donc quelqu’un qui n’a pas peur du combat. Ça constituait un point d’entrée. Ensuite j’ai fait un mix de femmes que je trouve intimidantes comme Ursula von der Leyen, Angela Merkel, Simone Veil ou Élisabeth Guigou. Toutes ces femmes qui en imposent sans en faire des tonnes. Élisabeth de Raincy, mon personnage, a su monter l’escalier du pouvoir. Mais là elle est dans la chute, puisque le film s’ouvre sur les trois derniers jours de son mandat. Au moment où elle est seule, désenchantée par la politique.
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Sauf qu’ici tous les coups sont permis pour empêcher la victoire de l’extrême droite.
Oui, c’est un thriller politique assez sombre. C’est en cela que le film n’est pas réaliste et raconte aussi des choses de nous, sur les négociations que l’on fait avec soi-même. Moi, je déteste le conflit. Dans un dîner ce n’est pas moi qui parle le plus fort. Et les rares fois où je le fais, je me dis : “Mais qu’est-ce qui m’arrive ?”
Retrouvez la suite de cette interview dans Paris Match n°3803 du 24 au 30 mars 2022