Un livre consacré au ministre de l’Intérieur revient sur le terrible drame qu’a vécu sa famille dans les années 1990. Le petit-fils de Gérard Darmanin, père de Gérald, a été tué par son père, qui s’est donné la mort ensuite.
Le ministre de l’Intérieur parle souvent de sa mère Annie, femme de ménage, ou encore de son grand-père, Moussa , tirailleur algérien, engagé dans l’armée française. Il est moins dissert sur son père Gérard. Le livre de Laurent Valdiguié et François Vignolle «Gérald Darmanin , le baron noir du Président»* revient sur la relation père -fils, marquée par un terrible drame. Gérard Darmanin est décrit ainsi par les auteurs : «voix rauque, gros fumeur, buveur invétéré, marié à quatre reprises, d’origine maltaise, il a des faux airs de Richard Bohringer». Les relations entre Gérard et Gérald ont longtemps été «tumultueuses, voire explosives».
« Une scène de crime effroyable »
Une tragédie familiale les marque à tout jamais. En octobre 1993, la fille aînée de Gérard Darmanin, issue d’une précédente union, s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son petit garçon, Boris. Le père de l’enfant, dont elle est séparée et avec qui elle partage la garde de l’enfant, ne lui a pas ramené. Inquiet, le grand-père Gérard prévient la police et se rend au domicile de son gendre. Sur place, «une scène de crime effroyable» : le mari a poignardé l’enfant et projeté son sang sur les murs avant de se donner la mort. «Ce jour, sa vie s’est arrêtée brutalement», se souvient un ami.
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Gérard Darmanin sombre dans une profonde dépression et plonge dans l’alcool, résument les auteurs. La mort de son petit fils devient une obsession. Le grand-père, libraire et écrivain, envisage l’implication d’un réseau complotiste, il écrit un livre sur le décès du petit Boris, convaincu qu’il a été victime d’un rite satanique commis par une secte. Il vit dans la crainte d’une nouvelle action complotiste, son fils Gérald, âgée de onze ans au moment de la mort de l’enfant, est déscolarisé pendant cinq mois et même exfiltré de Paris, envoyé chez sa marraine dans la Somme. Le jeune Gérald redoublera sa cinquième.
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Le père, hanté par la mort de son petit-fils, et le fils vont se brouiller longuement quelques années plus tard. Huit ans passent. «Mon père m’a appelé un jour, comme si on s’était parlé la veille», se souvient-il. Les deux se revoient «comme si rien ne s’était passé». La maladie finira de les réconcilier.
En 2016, Gérard Darmanin apprend qu’il est atteint d’un cancer du pancréas. Il défie les pronostics des médecins qui lui donnaient quelques mois à vivre et vit plus de deux ans. «Devenu ministre de l’Action et des Comptes publics l’année suivante, son fils se démène pour lui trouver les meilleurs hôpitaux, est-il écrit dans l’ouvrage. Emmanuel Macron s’en occupe en personne et Gérard l’ »antipolitique » peut être pris en charge à l’hôpital militaire de Toulon». Dans les derniers mois, le ministre lui rend visite toutes les semaines. Gérard Darmanin, victime de deux AVC sur la table d’opération, succombe en mai 2019. Un ami relate son ultime appel et son dernier souhait : «Veille sur mon fils».