Alors qu’ils n’ont obtenu que 4,6% des votes, les écologistes vont commencer par tout mettre en oeuvre pour faire barrage Marine Le Pen avant de se pencher sur leur propre avenir.
Pendant longtemps, ils ont pensé dépasser les 10%. Ils ont même, un temps, rêvé à voix haute d’accéder au second tour. Puis les mois passants, le candidat ne bougeant pas de ses 6 à 8% d’intention de votes dans les sondages, ils ont revu à la baisse leurs ambitions. Mais jusqu’au mois dernier, jamais ils n’auraient imaginé passer sous les 5%… Alors, ce 10 avril la déception était immense chez les élus et les militants d’EE-LV réunis à la Bellevilloise, une salle de concert dans le XXe arrondissement de Paris. « Je ne vais pas vous dire que c’est la fête », confiait Julien Bayou, secrétaire national du mouvement avant d’ajouter : « c’est un très mauvais scénario pour l’écologie » Après les bons scores aux municipales, la dynamique des européennes s’est enrayée. « Quand on cherche à gagner une élection et que la question c’est « est-ce que l’ont fait plus de 5% ? », c’est que c’est un échec », confie tristement Eric Piolle, le maire de Grenoble. « Cette fois-ci, nous visions être autre chose qu’une candidature de témoignage », rappelle Marine Tondelier, l’une des portes-paroles de Yannick Jadot . Ce 10 avril, il a fait moins que Noël Mamère en 2002 qui avait obtenu 5,25% des voix – le record pour un candidat écologique à la présidentielle. Mais voilà. Alors qu’ils n’avaient jamais réussi à décoller, depuis quelques semaines, ils se sont mis à baisser dans les intentions de vote: une dynamique « du vote utile pour faire barrage à Marine Le Pen » s’est engagée au profit de Jean-Luc Mélenchon. Et, beaucoup à gauche, y compris des membres d’EE-LV ou de mouvements partenaires comme GénérationS, ont annoncé qu’ils soutiendraient l’insoumis. Dans la dernière ligne droite, des personnalités – Christiane Taubira, le réalisateur Cyril Dion…- leur en emboîté le pas.
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Dans l’après-midi de ce jour de vote, le conseil politique du parti s’est réuni, comme le conseil stratégique de la campagne juste avant les premières estimations. Lundi, ce sera au tour des membres du bureau exécutif de se retrouver. Mais « le bilan, on le fera après », assumait David Belliard, adjoint EE-LV à la maire de Paris. Ce soir du 10 avril, tous les écologiques ont martelé leur priorité numéro 1 : « jusqu’au 24 avril, ma seule préoccupation, répète le maire de Grenoble, c’est de faire barrage à l’extrême droite. Nous sommes sur le fil du rasoir et nous avons devant nous deux semaines d’incertitude totale. La peur est là. » « Dans l’immédiat, l’enjeu c’est sauver la République et de faire battre Marine Le Pen », ajoute Julien Bayou. La deuxième priorité, rappelée jusque dans son discours par Yannick Jadot est de trouver des fonds pour rembourser les frais de campagne (en dessous de 5%, ils ne le sont pas) : « l’écologie a besoin dès ce soir de votre soutien financier pour poursuivre ces indispensables combats. Rendez-vous sur « soutenir l’écologie.fr » pour faire un don », a dit le candidat. Il leur faut trouver 2 millions d’ici à la fin mai pour rembourser une échéance bancaire. La troisième priorité : montrer un front uni, ne surtout pas taper sur Jadot, dont tous louaient, ce soir, les qualités. « Il n a pas démérité. Les sympathisants soutiennent son action. Ce n’est pas une histoire de candidat », assure Julien Bayou. « Jamais il n’y a eu autant de cohésion que dans cette campagne, enchérit Marine Tondelier.
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Le troisième tour, les législatives
A part Sandrine Rousseau et deux ou trois personnes qui étaient à La France insoumise et y sont retournées, il n’y a pas eu de travail de sape. Nous sommes une famille, alors dans les moments durs, on reste soudés. ». Il leur faut éviter à tous prix de régler leurs comptes en public. Très vite, ils appelleront à la mobilisation pour le « troisième tour », c’est-à-dire les législatives. « Que feront les gens qui ont fait le vote utile Melenchon ? », se demandait Marine Tondelier. « J’ai bon espoir que les personnes qui auraient voulu voter Jadot mais qui, pris par le rouleau compresseur du vote utile, ne l’ont pas fait, puisse enfin se sentir libre de le faire ». A ce moment-là, il sera enfin temps « d’analyser les raisons de notre incapacité à convaincre », dixit Julien Bayou. Malgré la sortie de route, les jours à venir s’annoncent chargés pour les écologistes.
